jeudi 13 mai 2010

XXXI L’ARRESTATION


Chanson plaisante sur les faux bruits de Lille et de Tourcoing disant que Brûle-Maison estoit pris d’un party de France


Voilà pourtant Brul-Maison
Qu’on contois dedans la prison :
Que de fable qu’on conte à Lille,
Et qu’il y a des menteurs par-tout !
Mais Brusle-maison surpasse tout !


Il est bien vrai que je fus pris
Ces jours derniers, d’une partie
Qui s’avoient mis en embuscade
Dans un lieu que je ne dis pas ;
M’ont dis tout court : « Arreste là ! »
Plusieurs de la partie enfin,
Croyant d’avoir fait bon butin,
Voyant que j’avois un gros sacq
Dessus mon dos, bien pacqueté
On cru que je portez du thé.


Afin de montrer ce trésor
Ils m’ont fait monter tout d’abord
Dessus une vielle cavaille
Fort maigre, avoit le dos pointu
Dont j’en ay encore mal au cul !


Bien quatre lieu en cet état
Ils m’ont fait courir à grand pas ;
Arrivant dedans un bocage,
En tombant j’ay mis pied à terre,
Et mon sacq m’ont fait ouver.


Ils n’ont trouvez que des chansons
Et ont reconnus Brûle-Maison :
Aussitôt un de cette bande
Dit : « Nous te menerons dans Arras ! »
Je repond : « Ce qu’il vous plaira ! ».


Un grand noir me dit en courroux :
« Toutes ces chansons là sont de nous.
Nous te ferons mettre aux galères :
Avec une plume de vingt pieds
T’escrira sur le grand papier ! ».


Je leur ay dis de bonne foy :
« Messieurs, ayez pitié de moy,
Car toutes les chansons que je chante
Ce n’est que pour gagner la vie
A moy et à tous mes petits ! ».


Le partisan plus modéré
Examina sur mon papier :
Il vit la chanson de Béthune
Même la prise de Douay,
Lors il dis : « Tout cela est vray ».


Le partisant dit peu après :
Il faut vivre avec ceux qu’on est :
Les chansons ne font pas la guerre,
Mais la guerre fait faire les chansons.
Va, retire-toy Brul-Maison ! ».


Les tourquennois tretout ont dit ;
« Chele fois-cy vela Brul-maison pris ;
Sans doute on le va faire pendre
Tout à un beau gibet en proye :
Nous en faut faire des feux de joye ! ».


Ils ont bruslez, ces maîtres sots,
Pour dix patacons de gros bo,
Et on a eu vingt rondelles de bierre
De bienage que Brul-Maison
Ne composeroit plus de quanchon !


Le lendemain le mercredy,
Les Tourquennois furent surpris
Quand ils m’ont veu sur l’escabelle ;
Ils ont dit d’un cœur courrouché :
« Je crois que le diale est sorché ! ».


extrait d'un dessin de R cuvelier médiatheque de Roubaix


Le conteur brûle-maison est sur :
http://brule-maison.nordblogs.com/

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