vendredi 13 mai 2011

III l’ORGUE AUX CHATS


Chanson sur un Tourquennois qui a voulu faire un jeu d’orgue aveuc des cats

(Jean Michel Jarre avant la lettre !)


Quiantons d’un Tourquennois
Eune histoire nouvielle.
Non, jamais un Lillois
N’en a voulu, on vous l’prouv’ra,
Juer des orgues aveuc des cas.

Un dimenche au matin,
A Tournai un le meine
A l’Abby d’saint Martin
Vende des béccaseines.
Quant un a eu tout acaté,
Il ouit les orgu’chiffloter.


Les gros fageoient bou bou,
Les petits tire lire.
Le Tourquennois desous
Pu en pu les admire ;
Et les moïenn’ à leur tour
Tems en tems fageoient toure loure.


Le Tourquennois tout bas
Demandit à Cat’laine :
« Aveuc quoi un fait ch’lia ?
Acout’ quement qui waine !
Ell’li répondit à ch’la :
« Sont des buots remplis de cas ».


« Je m’en doutois ! dit-y ».
Pu en pu y s’enf’nouille :
« Acoute un pau, Marie,
Quement que ch’lia berdouille !
L’un va haut et l’autre bas,
Et l’aut’va en pau là u là…»


Revenant à Tourcoing
Che mêm’ dimenche au viêpe,
Busiant sur che point,
Y se mit d’vin s’tiête
Après avoir oui chela
De faire des orgu’s aveuc des cats !


De soir et de matin
S’en va de plache en plache
Les cats de ses vigins
Les attraper au lache,
Et y n’d’avot pu d’un quart’ron
Pour faire che biau carillon !


Il avoit d’ven s’majon
Eun’vieill’ cage à otiles.
Y a enclos largue et long
Tous ches gros cats habiles,
Mettant les plus gros premiers,
Et les plus petits les derniers.


Y avoit un gros matou
Qui n’étoit jamé lasse ;
L’a mit tout l’premier d’tout,
Pour tan mieux faire l’basse.
Y les a tous fourés d’vin :
Chez p auvr’cats graignoient des dents.


Tout comme un batteleu,
S’accomodant en ordre,
Les loyant par leu queu
Pendit au des cordes
Des poises comme on voit drola
Pour tant mieux faire wainié chés cats.


Au mitant tout de bon
Y se mit en posture
Aveuque un gros bâton ;
Y batoit le mesure
Sus les queux de ches povres cats :
L’un wainnioit haut et l’autre bas.


Taarois dit tout de bon
Qui juoit du timbale :
Il fageoient mion mion mion
En criant comme un diale ;
Et pour mieux attraper le ton
Tems en tems tapoit du bâton.


Sen fieu se mit deven
D’eune fachon nouvielle,
Pinchant de tems en tems
Ches cats aveu d’zetnielles
A leurs pattes et à leurs groins :
Jamé, comme ches cats grognoient !


La sol fa mi ré ut
Crioit à leurs oreilles :
Tous les vigins réus
D’un té bruit sans pareille,
D’ven l’majon sont accourus,
Pensant que tout étoit en fu !


Y ont r’connus leurs cats
Enclos d’ven chelle cage ;
Aussi-tôt Gros Colas,
Pris un bâton en rage,
Digeant : « T’a fait morir men cat,
Attends, men diale, t’en n’ara ! ».


Sans entend’les raigeons
Qui voloit juer d’zorgues,
Ont pris des gros bâtons
Tout en fageant des morgues ;
Sur l’dos de che pauvre luron
Y ont jué des orgu’ à fachon !


Ils l’on battu si plat
Qui l’ont laichié pour more.
Après ont pris leus cats,
Digeant : « reven encore !
De te panche nous ferons un soufflé,
Nous jurons d’sorgue aveu ten né ! ».

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    j'ai été très surprise de voir que d'autre avaient eu cette idée bien avant moi! Bon je me sent moins seule (bien que je n'aurais jamais idée de mettre ceci en pratique)

    J'ai d'ailleurs écrit une nouvelle qui parle d'un accordeur d'orgue à chats, http://elleetsoncrayon.e-monsite.com/pages/nouvelles-poemes/l-accordeur.html

    RépondreSupprimer