lundi 31 mai 2010

CERTAINS CURES SONT ILS DE MAUVAISE FOI ?


Voici une remarque assez pertinente sur le prix des obséques et sur
un certain état esprit de l'époque... (de l'époque ?)


Aussi bien à pauv' qu'à riche
On n'fait rien pou rien à l'Egliche;
Quand un prét' di' un oremus
I faut qu'i' sot payé tout juss.



Attention Brûle-Maison ! Le chevalier de la Barre (16 ans) à Abbeville n'ayant pas retiré son chapeau pour saluer une procession sera condamné à avoir le poing et la langue coupés, à être décapité et brûlé...
En 1766, soit 26 ans après la mort de Brûle-Maison !

vendredi 21 mai 2010

LA SAGESSE DE NOS CHANSONNIERS

Pour changer, je vais vous parler d’un roubaisien, hé oui ! un roubaignot !
Brûle-Maison n’a jamais à ma connaissance tiré le moindre trait contre Roubaix.
Aussi, je vous présente LOUIS CATRICE (1850-1907) chansonnier patoisant et humaniste (ils le sont tous !).
D’abord pour sa petite évocation de Brûle-Maison que voici :

J’vas vous parler du fameux Brûle-Maison…
Sin nom n’sera jamais perdu,
Salut ! à mon grand-père,
Pusque nous n’sommes que des nouveaux,
Tchand j’dis grand-père, faut que j’m’esplique,
Mais in langache poétique
Ch’est li qu’est l’père de Desrousseaux.

Voici la seconde raison, je vais vous demander d’apprécier ce texte
Qui pour moi devance largement le poète Aragon avec son :
La femme est l’avenir de l’homme.

Vous qui prétendez toujours
Avec un air d’arrogance
Que la femme et ses amours
Sont sous votre dépendance
Vous n’êtes que des tyrans.
Méconnaissant la nature
Qui fit d’elle assurément
Sa plus vivante figure

Sonnet que je dédie à toutes les femmes, de Roubaix et d’ailleurs…
Merci Louis CATRICE.
Que la terre te soit légère…

jeudi 13 mai 2010

XXXI L’ARRESTATION


Chanson plaisante sur les faux bruits de Lille et de Tourcoing disant que Brûle-Maison estoit pris d’un party de France


Voilà pourtant Brul-Maison
Qu’on contois dedans la prison :
Que de fable qu’on conte à Lille,
Et qu’il y a des menteurs par-tout !
Mais Brusle-maison surpasse tout !


Il est bien vrai que je fus pris
Ces jours derniers, d’une partie
Qui s’avoient mis en embuscade
Dans un lieu que je ne dis pas ;
M’ont dis tout court : « Arreste là ! »
Plusieurs de la partie enfin,
Croyant d’avoir fait bon butin,
Voyant que j’avois un gros sacq
Dessus mon dos, bien pacqueté
On cru que je portez du thé.


Afin de montrer ce trésor
Ils m’ont fait monter tout d’abord
Dessus une vielle cavaille
Fort maigre, avoit le dos pointu
Dont j’en ay encore mal au cul !


Bien quatre lieu en cet état
Ils m’ont fait courir à grand pas ;
Arrivant dedans un bocage,
En tombant j’ay mis pied à terre,
Et mon sacq m’ont fait ouver.


Ils n’ont trouvez que des chansons
Et ont reconnus Brûle-Maison :
Aussitôt un de cette bande
Dit : « Nous te menerons dans Arras ! »
Je repond : « Ce qu’il vous plaira ! ».


Un grand noir me dit en courroux :
« Toutes ces chansons là sont de nous.
Nous te ferons mettre aux galères :
Avec une plume de vingt pieds
T’escrira sur le grand papier ! ».


Je leur ay dis de bonne foy :
« Messieurs, ayez pitié de moy,
Car toutes les chansons que je chante
Ce n’est que pour gagner la vie
A moy et à tous mes petits ! ».


Le partisan plus modéré
Examina sur mon papier :
Il vit la chanson de Béthune
Même la prise de Douay,
Lors il dis : « Tout cela est vray ».


Le partisant dit peu après :
Il faut vivre avec ceux qu’on est :
Les chansons ne font pas la guerre,
Mais la guerre fait faire les chansons.
Va, retire-toy Brul-Maison ! ».


Les tourquennois tretout ont dit ;
« Chele fois-cy vela Brul-maison pris ;
Sans doute on le va faire pendre
Tout à un beau gibet en proye :
Nous en faut faire des feux de joye ! ».


Ils ont bruslez, ces maîtres sots,
Pour dix patacons de gros bo,
Et on a eu vingt rondelles de bierre
De bienage que Brul-Maison
Ne composeroit plus de quanchon !


Le lendemain le mercredy,
Les Tourquennois furent surpris
Quand ils m’ont veu sur l’escabelle ;
Ils ont dit d’un cœur courrouché :
« Je crois que le diale est sorché ! ».


extrait d'un dessin de R cuvelier médiatheque de Roubaix


Le conteur brûle-maison est sur :
http://brule-maison.nordblogs.com/

mardi 11 mai 2010

FAITES TOURNER LE CONTEUR !


Je vous rappelle l’adresse du conteur Brûle-maison.
Votre serviteur, je raconte les histoires de l’histoire de notre région.

http://brule-maison.nordblogs.com

A bientôt dans une soirée contes !


La photo est de l'artiste peintre CHRISTINE PRUVOT
merci Christine

vendredi 7 mai 2010

XXXII LA PENDAISON. Brûle-maison était il un espion contre la france ? L'histoire d'une dangeureuse visite à Tourcoing avec 4 mousquetaires .


BRULE-MAISON
Se fait arrêter comme espion,
Passe par Tourcoing, et l’on fait accroire aux Tourquennois qu’il sera pendu le lendemain sur la place de Tournai
AIR: De Joconde, noté n°4.
Au 3.me Recueil.

Venez entendre une chanson,
Remplie de complesanche,
Des Tourquennois et brûl-Maison
Et d’un parti de Franche ;
Arrête-là, m’ont dit d’abord,
Le fusil en balance,
Di nous a tu un passe-port
De queuque Ville de France ?


Aussi-tôt j’arrête mes pas,
J’ai dit rempli de buse,
Ma foi, Messieurs, je n’en ai pas ;
Voulant, faire mes excuses,
Je suis un vendeur de canchon,
Par les bourgs et les villages :
Pour avoir un passe-port ben bon,
J’ai trop peu de gagnage.


Le sou-partisan grand garchon,
Me dit d’humeur gentille,
N’aiche-point ti Brûle-Majon
Que te cante den Lille ?
Si-tôt je li déclare le vrai,
Oui-dà ché mi-même :
Il faut venir deden Tournai ;
Lors je venois tout blême.


Un autre dit à haute voix :
Va, va, n’eut point de crainte,
Chez pour vir si les Tourquennois
De ti feront des plaintes :
S’il est vrai qu’il te haïtent tant,
J’en veux vire l’expérience ;
Fait semblant, dit le partisan,
D’être en pan en dolence.


Si-tôt m’ont mené sur che point,
D’Halluin par le village,
Passer à travers de Tourcoing ;
Arrivant au bourgage,
Si-tôt ont crié tout de bon,
Avanche, avanche, avanche,
Venez tertous vir Brûl’-Majon,
Pris d’un parti de franche.


Che parti par den Tourcoing
A ben resté heures,
Pour demander, n’en doutez point,
A rafraichir leu cœur ;
Veant que j’étois ben gardé,
Par quatre Mousquetaires ;
Après m’avoir tous ravisé,
Va-t’y mal à z’affaires ?


Le partisan dit sans fachon,
Si vous volé l’apprendre,
Nous l’avons pris pour espion,
Et nous le ferons pendre :
Il a fé des canchons, pour de vrai,
Dessus nous à la guerre ;
Venez demain deden Tournai,
Y f’ra un saut en l’aire.


Les Tourquennois si-tôt ont dit,
D’une maine arrogante,
Il en a fé sur nous aussi
Pour le moins ben quarante :
Chest eun’douche mort d’être pendu,
Y mérit’davantage ;
Y doit êtr’ brùlé u rompu,
Seul’ment pour no Bourgage.


Si manque cem’crox pour être rompu,
L’un dit j’donnerai eune herche,
Nous li intasserons un dent d’ven l’cul
Pour taper j’donnerai l’perche ;
L’aut’ dit je barai un licot ;
Mi l’gibet, dit gros Jacques,
Et mi pour l’brûlé, les fagots,
Quand j’devrot vende m’vaque.


Les soudars et le partisan
Ont quemenché à rire ;
En digeant vous êtes ben méchant,
F’rez-vous cha comm’ à l’dire :
Me awis, répondit Michaut,
Dit en venant tout blême,
Car si ni avoit point de bouriau,
Je l’pendrois ben mi-même.


De plagi que j’étois tenu,
Pour finir me carrière,
Ils ont fait mettre sur le cu,
Ben trois rondell’ de bierre.
De temps en temps on me donnoit,
Pour arrosé mes lèvres,
Digeant pour le dernière fois,
Bois-en tant que ten crève.


Je leu ai dit par soumission,
Mais d’un’ humble parole :
Messieurs, je vous demand’pardon
De toutes les frivoles
Que j’ai fait en ma vie sur vous ;
Je vois qu’il faut me rendre ;
Ont dit : nous te pardonnons tous,
Puisque l’on va te pendre.


Le partisan m’a fait loyé,
Tout comme un criminel,
Jusqu’à temps que j’arois quitté
Mes ennemis mortels :
Dit aux Tourquennois d’un cœur gai :
Venez demain en bende,
Deden le marqué de Tournai,
Et vous le verrez pende.


Nous n’avons warde d’y manqué,
Pour vir’ che biau che-d’œuvre ;
Che parti en m’ayant mené
De Leers à Templeuve,
Anssi-tôt m’ont dit, Brûle-Majon :
Pour mériter ta grace,
Y faut qu’te nous fache eune canchon
De toutes leux grimaces ;


Je me suis mis à composer,
Et un autre à écrire,
Et en deux heures de temps j’ai fet
Chelle canchon pour rire :
Ayant ben ri de che sujet,
M’ont laché à la brune,
Sachant bien qui n’auroient point fet
Aveuc mi leur fortune.


Le lendemain, les Tourquennois
Sont venus, je vous jure,
Pour avertir tous les lillois
Que ma mort étoit sûre :
Arrivant y m’ont vu canté
Au mitant de la place ;
Ils ont dit (non sans se fâché) :
Ce diale a fet ses farces.

lundi 3 mai 2010

COMPLAINTE


Sur les réjouissances qu’ont faites les Tourquennois ayant appris ma mort

Hélas ! queulle triste nouvelle,
Qu’on intind dins tout canton.
Ell’n’est ni bonne ni bielle,
Ch’est l’mort du pauv’ Brul’-Mason
Queulle affliction !
Car cha nous fait braire,
D’pinser que ch’l homme r’nommé
Est trépassé.

Un chacun dit : Ch’est damache
Qu’un parel espri’ est mort !
Dir’que l’dernier jour de s’n ache
D’vant morir parlo’incor,
Queu triste sort !
Qu’un homme aussi sache,
N’arot jamais d’vu morir,
Qui fait tant rire.


Brul’Mason, par ses grimaces
Etot connu tout partout,
Dins les bourgs et les villaches,
D’un bout jusqu’à l’auter bout,
Jusqu’au Pérou,
Jamais personnache
N’a su faire autant d’canchons
Que ch’ Brul’-Mason.


Quand qu’i cantot sus la place,
Les sam’dis et merquedis,
On courot vir ses grimaces,
Ses morgues, mêm’ ses sing’ries,
Et ses drol’ries ;
De ville, in villaches,
Amusot fille’ et garchons
Par ses canchons.


I m’tot un nocquet à s’bouque.
Autermint dit un carnas,
Avec un coutiau d’quat’doupes
Brul’-Mason perchot sin bras.
Après tout cha,
I maingeot d’s étoupes,
Pa s’bouq’ sortot à l’instant
Des biaux rubans.


Quand il avot fait ses morgues,
Après cha copot sin nez.
Avec des cats i juot d’s orgues,
Sin front y broquot apré,
Et d’sus l’marqué
Il étot in vogue.
Faijot avec ses maintiens
Rir’ tous les gins.


Par malheur, un homm’ si sache
Est mort ! Prions Dieu pour li.
Mais dins Tourcoing bian bourgache
Un chacun s’in réjouit.
Grand comm’ petit,
Sont tertous bénaches
Qui n’fra jamais pus d’canchon
Che Brul’Maison !


Ayant appris d’assurance
Que ch’Brûl-Mason étot mort,
Ont fait des réjouissances.
Malgré qui gelot bien fort,
Tout d’un accord,
il' ont fait bombance,
Il’ ont mêm' fait, sus ma foi,
Des grands fus d’joie.


I n’y-avot l’ fieu à Jean-Jacques
Qui avot donné du bos ;
Ch’ti qui a étranné s’vaque
Il a donné un chint d’os ;
Et Vaterlos,
Avé s’biell’ casaque,
Il a donné vingt bourrées,
Pour les brûler.


Jean Gille a donné d’s équettes
Pour mette à ch’fameux fu d’joie ;
Un aute a donné s’brouette.
Ont fait un fu comme eun’ moye,
Et gros Franços
A donné s’rufflette
Et eun’pell’ tout rimplie d’ bren
Pour mette d’dins.


Au mitan de ch’fu intière
I n’y-avot un long baton
Au d’bout n’y-avot eun’bannière
Avecque l’nom d’Brul’Mason
Fait à fachon
Infants, père et mère
Dansott’nt tout autour du fu
Comm’ des perdus.


Il’ ont jété des baguettes,
Il’ ont jué du tambour,
Du violon et de l’trompette,
Infin ch’étot dins ch’biau jour
Sans nul détour,
Bien mieux qu’à leu fiête.
I n’ont jamais eu ma foi
Eun’ parell’ joie.


N’y-avot un des princhipales
Qu’on appell’ Mathieu Colas,
I leu-z-a fai’ un régale,
Avec eun’biell’ pair’ de cats,
Dodu’ et cras,
(Queu souper frugale !)
Accomodé’ à fachon
Avé d’s angnons.


Comme i maingeott’nt sans fourchettes,
Croyant qu’ch’étot du lapin,
L’un a attrapé eun’tiête,
Il l’a mis pa’ d’sus sin pain,
In ayant faim ;
Maingeott’nt comm’ des biêtes,
Sans pinser qu’tout cha dins l’plat
Ch’étot du cat.


Dins cheull’ fricassé friande
On a trouvé eun’soris,
Bien poilass’, bien bielle et grande,
Aussitôt tout l’companie
Tout ébahie,
Sans fair’ d’aut’ demande,
Ont vu qui maingeottent là
Tertous du cat !


Ont délouffé comm’ des biêtes,
D’ches cats des fameux morciaux.
Ma’ à leu cœur, à leus tiêtes,
Délouffant tous ches lourdiaux
Plein des séaux,
Mon Dieu ! queull’biell’ fiête !
Pour se r’vinger, Brul’-Mason
Fait cheull’ canchon